Des trois paquebots qui constituaient le sanatorium d’Aincourt, un seul reste en activité. Il accueille un établissement de santé appartenant au Groupement hospitalier intercommunal du Vexin (GHIV). Les deux autres pavillons, les Peupliers et les Tamaris, sont totalement en ruine, abandonnés respectivement depuis 1975 et 2001.
Une réunion entre un promoteur, l’hôpital et des élus
Le GHIV reste propriétaire encore de ces deux « verrues » qui lui posent aujourd’hui un vrai problème de sécurité.
Ouverts aux quatre vents, ces monstres de béton attirent un certain public, qui s’introduit à l’intérieur en toute clandestinité : explorateurs urbains, vidéastes amateurs, adeptes de messes noires. Rappelant la vétusté du lieu, la direction de l’hôpital alertait, encore récemment, sur « les risques graves d’accidents ou de blessures : effondrements des sols, escaliers, plafonds… »
Un premier projet de réhabilitation a déjà été abandonné il y a quelques années, l’ex-sanatorium se trouvant en plein cœur du parc de la Bucaille et donc difficile à desservir. Un autre promoteur a fait preuve récemment de son intérêt : le groupe François premier investissement, qui n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Le 6 septembre dernier, l’entreprise a rencontré les maires des trois communes concernées : Aincourt, Maudétour et Villers-en-Arthies, et la direction du GHIV, pour exposer son projet. Elle envisage d’aménager 65 logements dans chacun des bâtiments désaffectés, inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
« Une sortie serait prévue côté Maudétour. Ce projet impactera la circulation dans la rue de la Bucaille », faisait savoir le maire d’Aincourt, Emmanuel Couesnon, au conseil municipal du 17 septembre. Si le GHIV et l’investisseur faisaient affaire, la transaction ne pourrait pas se faire avant 2020… Et le premier coup de pioche serait donné deux ans plus tard.
« Des négociations sont toujours en cours. Le projet n’est pas abandonné », explique, laconiquement, la direction du GHIV.
Pour le maire d’Aincourt, « c’est loin d’être gagné ». Il reste des inconnues pour ce qui est des aménagements routiers, pour l’instant. « Il faudrait financer 800 mètres de route. Mais qui va payer ?, s’interroge le maire d’Aincourt. Où débouchera-t-elle ? Pas sur la départementale 142, le Conseil départemental refuse pour des questions de sécurité.»
La question de l’assainissement se pose aussi. Entre 250 et 300 personnes emménageraient dans ces 130 nouveaux logements. « Il y en aurait pour un million d’euros de travaux sur le réseau d’eau potable, ajoute l’élu. La station d’épuration n’est pas en capacité d’absorber un tel flux. »
Sans compter que cette reconversion ne pourrait se faire sans une révision du Plan local d’urbanisme d’Aincourt. « Le Parc naturel régional du Vexin aurait son mot à dire », prévient Emmanuel Couesnon, visiblement peu convaincu que ce projet aboutisse un jour.
Ces bâtiments en ruine, à l’architecture particulière, sont très prisés des curieux, photographes et autres explorateurs urbains.
Historique du lieu
Bâti en 1933 pour faire face à l’épidémie de tuberculose, le sanatorium a ensuite été réquisitionné par l’armée allemande en 1940. L’occupant en fait un camp d’internement pour militants communistes, syndicalistes, élus… 1 500 personnes transiteront en ces murs, avant d’être déportées vers les camps de la mort. De 1942 à 1943, le lieu a servi de centre d’entraînement aux miliciens des Groupes mobiles de réserve, la police de Vichy. 1946 marque la reprise des soins. Quelques années plus tard, la tuberculose recule et l’établissement devient pluridisciplinaire. L’activité se concentre alors sur le pavillon Les Cèdres, laissant les deux autres sombrer peu à peu dans l’oubli.
Source : Renaud VILAFRANCA / actu.fr / Maxime Laffiac / La Gazette du Val d’Oise